Mala vida, le mal de vivre, celui d’Isabel, petite-fille de
républicains espagnols auxquels on a retiré leur fils le jour de sa naissance,
officiellement mort-né. Aujourd’hui, alors que la droite conservatrice est
revenue au pouvoir, Isabel a imaginé une
vengeance à la hauteur de la souffrance de ses grands-parents et de tous ceux
qui ont vécu le même drame. Après la création d’une association de victimes, pour
faire reconnaitre les préjudices subis malgré la loi d’amnistie votée à la mort
de Franco, secrètement elle va infliger un châtiment que beaucoup
penseront inexcusable.
Ce roman, ni vraiment historique ni vraiment policier, est largement inspiré d’un épisode de l’histoire espagnole,
celui de l’affaire des enfants volés après la guerre civile. Pour des raisons
idéologiques, des enfants de républicains étaient vendus à des familles bourgeoises,
avec la complicité de médecins et de religieuses. Les franquistes
prétendaient sauver les âmes des enfants de "rouges" en
les confiant à des familles proches du régime. Une pratique,
que l’on retrouve en Argentine pendant la dictature militaire de 1976 à 1983 avec
le vol de bébés d'opposants politiques, qui perdurera en Espagne même après la
mort de Franco.
Marc Fernandez, ex-journaliste à Courrier International
spécialiste de l’Espagne et de l’Amérique latine, créateur de la revue Alibi
consacrée au polar, signe ici son premier roman en solo. Un essai réussi qui, même s’il n’approfondit pas le sujet des
enfants volés, évoque la souffrance de ces victimes du franquisme.
Merci à Babelio et aux Editions Préludes pour cette agréable lecture.