En Italie, après la Première Guerre mondiale, le pape Pie XI
et Benito Mussolini lient leur destin en scellant un pacte qui infléchira
l'histoire de l'Italie et de l'Eglise catholique romaine.
Avant les accords du Latran, Pie XI et Mussolini étaient
dans une position impossible. La suppression des Etats pontificaux avait
entraîné une rupture entre l'Italie catholique et l'Italie politique, le pape
n'avait plus de périmètre et se considérait comme prisonnier du Vatican, et
face à un pays majoritairement catholique Mussolini ne pouvait se passer de
l'Eglise pour accéder au pouvoir.
Intelligent, volontaire et atrabilaire, le nouveau pape élu
en 1922 est un érudit qui analyse et comprend les choses mais ne les formule
pas. Un élément qui lui évite d'être prisonnier d'une doctrine qu'il aurait
prononcée et lui permet de réfléchir de manière indépendante. Ce grand sportif
autoritaire, très investi dans sa mission de pape, veut redonner à l'Eglise catholique
l'influence qui a été la sienne par le passé, une volonté qui va conduire à la
signature des accords du Latran.
Un traité qui aura pour conséquence de permettre au régime
fasciste de prendre le pouvoir et de le garder avec à sa tête Mussolini. Un homme
dominateur, toujours convaincu d'avoir raison, sensible à son image mais pas
aux convenances du moment, qui, passant du socialisme à l'extrême droite, d'une
femme à une autre, d'une maîtresse juive aux lois raciales, a compris l'intérêt
qu'il existe à s'appuyer sur l'Eglise pour réaliser son désir de grandeur de
l'Italie.
Mais les choses ne se passeront pas dans la sérénité,
Mussolini n'aura de cesse de violer le Concordat signé avec le pape qui
regimbera, surtout après l'adoption des lois raciales calquées sur celles des
nazis. Seule la mort libérera le Saint-Père de ce pacte avec le diable.
Un épisode de l'Histoire passionnant, remarquablement
restitué par l'historien David Kertzer qui s'est attaché à la personnalité des
hommes plus qu'aux événements eux-mêmes. Un travail original couronné par le
prix Pulitzer, pour lequel l'auteur a consacré sept ans de sa vie à compulser
des milliers de documents après l'ouverture des archives du Vatican.