Livre après livre

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jeudi 26 février 2015

La traversée de l'été de Truman Capote


Première œuvre de Truman Capote, La Traversée de l’été n’avait pas suffisamment plu à son auteur pour qu’il en souhaite la publication. Le manuscrit retrouvé en 2004, lu par l’administrateur de la fondation Capote et par des spécialistes de l’œuvre de l’écrivain, est finalement édité deux ans plus tard.

Truman Capote y raconte l’histoire de deux jeunes New-Yorkais qui passent l’été dans la ville. Elle, une jeune fille de bonne famille, est tombée amoureuse du gardien d’un parking de Broadway. Sorte de mauvais garçon, il lui apporte le vent de liberté et de transgression auxquelles elle aspire. C’est un été de toutes les folies où cet amour impossible et bancal connaît un épilogue sans joie.

La maturité dont fait preuve Truman Capote dans ce roman est étonnante. La finesse de l’évocation des sentiments et de la vacuité de la vie de ses personnages ne laisse pas soupçonner un auteur aussi jeune. Rien n’est direct ni trivial, tout est suggéré, seules quelques rares phrases manquent un peu de légèreté. On reste irrésistiblement charmé par ce conte moderne de la non perméabilité des classes sociales.

mercredi 25 février 2015

A moi seul bien des personnages de John Irving


Élève dans les années soixante dans une école américaine d’une petite ville de l’Etat du Vermont, Bill découvre le théâtre, l’amour et la sexualité.

Le parcours de Bill a pour point de départ une quête à la découverte des autres et de soi. Bien que cherchant à percer des secrets familiaux qui peuvent expliquer ses attirances bisexuelles, il assume sans culpabilisation son ambiguïté dans une Amérique puritaine qui considère l’homosexualité comme une maladie mentale.

Dans les années quatre-vingts, alors qu’il est devenu écrivain et new-yorkais, au moment où le sida fait des ravages, Bill assiste à l'agonie de ses amis. Et même si les mentalités ont évolué, beaucoup de ceux qui l’entourent voient encore cette maladie comme un jugement de Dieu et les homosexuels comme des pestiférés.

Après un début difficile où l’on se perd dans des digressions théâtrales, A moi seul bien des personnages nous immerge dans la réalité des homosexuels, travestis et transgenres américains. Sans porter de jugement, John Irving met en scène la complexité de l’identité sexuelle.

Avec humour et mélancolie, A moi seul bien des personnages est un plaidoyer pour la tolérance, une critique de l’Amérique restée très puritaine malgré la libération sexuelle, mais aussi l’histoire d’une recherche légitime du désir et de l’amour.

mardi 24 février 2015

Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie

De nombreux jeunes nigérians de la classe moyenne partent étudier aux États-Unis, comme la jeune Ifemelu qui va y faire l’expérience de l’amour mais aussi du racisme.

Pour réaliser son rêve américain, Ifemelu laisse au Nigéria son grand amour, Obinze. Ces années loin de son pays la changent, elle fait des rencontres épanouissantes, travaille, découvre la littérature mais aussi la couleur de sa peau et ce que cela implique d’être Noire aux États-Unis. Et c’est tour à tour enthousiaste et désabusée qu’elle finit par désirer un retour dans son pays.

La rencontre chez Gallimard de la belle et lumineuse Armamanda Ngosi Adichie permet de comprendre qu’Amiracanah n’est pas son histoire, mais plutôt un ensemble de récits croisés de ses amis et de son expérience personnelle, les anecdotes sur les cheveux étant les plus autobiographiques.

Avec ce livre sur l’amour, mais surtout sur la race vécue comme une injustice, Armamanda Ngosi Adichie dit avoir eu peur de déplaire. Il est vrai que, sans langue de bois, à travers le blog de son héroïne, elle dénonce les préjugés attachés aux Noirs et l’hypocrisie ou le mépris des Blancs, qui ne peuvent parler de « Noirs », ou qui ne les imaginent que dans des postes subalternes.

Malgré tout, aujourd’hui encore, des jeunes nigérians, étudiants ou simples travailleurs, continuent d’être attirés par les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne, cette expérience restant un moyen de s’affirmer et d’accéder dans leur pays à des postes intéressants.

Un livre passionnant, bien écrit, drôle, où le problème du racisme et de la race est clairement posé.
Merci aux Éditions Gallimard et à Babelio pour la découverte de cette auteure et de son roman.